Oscar Niemeyer (1907-2012)
Brésilien, Oscar Niemeyer entre en 1929 à l’école nationale des beaux-arts de Rio où il reçoit une formation d’architecte. Diplômé en 1934 il est cependant insatisfait de ses études d’influences françaises, très classiques et académiques à une époque où l’architecture internationale est marquée par la montée du modernisme représenté par Walter Gropius, Frank Lloyd Wright, Mies van der Rohe ou Le Corbusier; il adopte d’ailleurs en premier lieu le travail de l’architecte français venu au Brésil pour une tournée de conférences. Oscar Niemeyer devient stagiaire chez le grand architecte brésilien de l’époque Lucio Costa, afin de parfaire sa formation. Il participe alors avec Costa et Le Corbusier, à la conception du siège du ministère de la santé à Rio en 1936. Dans les années 40, Oscar Niemeyer aura quelques commandes comme une crèche, une église, un casino et affirme peu à peu son propre style fait de courbes marquant alors une rupture avec le style de Le Corbusier. Après le succès de la construction de l’immeuble des Nations Unis à New-York, il bâtira les principaux bâtiments publics de la nouvelle capitale du Brésil, Brasilia inaugurée en 1960 au côté de Lucio Costa qui en a conçu le plan. La notoriété de Niemeyer devient alors mondiale. Avec l’arrivée au pouvoir de la dictature militaire au Brésil en 1964, Oscar Niemeyer membre du parti communiste brésilien s’exile en France accueilli par ses camarades artistes, intellectuels et membres du parti, comme Louis Aragon, Paul Eluard ou encore Pablo Picasso. Le parti insiste sur la capacité des artistes à dépasser l’état des choses présente dans leur travail de création et reconnait en Oscar Niemeyer la capacité d’émancipation dans son architecture. Fort du succès de Brasilia Niemeyer construit alors plusieurs édifices en France comme la maison de la culture du Havre dit « le Volcan », la bourse du travail de Bobigny, le siège du journal » l’Humanité » et le nouveau siège du parti communiste français à partir de 1968.
La construction se fera en deux temps: une première tranche de travaux qui comprend l’immeuble de 6 étages, la tour technique, le hall…les travaux s’arrêtent en 1971. La deuxième tranche se fera plus tard entre 1978 et 1980 et comprend le hall en pente, la coupole et l’esplanade d’entrée.
Le siège du PCF est l’incarnation en France de l’exceptionnelle créativité du courant moderniste au XX ème siècle. Il est une démonstration des possibilités techniques offertes par le béton, l’acier et le verre qui préfigure l’architecture du XXI ème siècle. Les formes et les surfaces sinueuses maximisent également l’utilisation du site en pente douce.
Dans le bâtiment principal on retrouve 4 des 5 points de l’architecture moderne de Le Corbusier à savoir: 1) Les pilotis pour élever le bâtiment et libérer les espaces au sol 2) le plateau et plan libre 3) la façade libre avec le mur rideau en verre et 4) le toit terrasse jardin. L’architecte décide de cacher les 5 points d’appui qui soutiennent l’immeuble, en élevant le niveau du parvis afin d’éviter la présence de halls vitrés induits par les pilotis; cette solution architecturale qu’il baptise « antipilotis » donne l’impression que la façade-écran flotte légèrement. Posé sur les 5 antipilotis l’immeuble est également soutenu par une grosse dalle décollée au dessus des infrastructures. Le bâtiment est le résultat d’une collaboration avec de nombreux architectes, constructeurs et ingénieurs comme Jean Delaroche, Paul Chemotov et Jean Prouvé pour la remarquable façade rideau qui prend la forme d’un large pan vitré ondulant et dont les menuiseries sont peu visibles. Le bâtiment principal, en S, ondule devant le dôme. Oscar Niemeyer est influencé par Le Corbusier et pourtant s’en démarque fortement à travers son goût prononcé pour les courbes à l’opposé du style rigide et fonctionnel de l’architecte français : « alors que l’angle droit sépare, divise, j’ai toujours aimé les courbes qui sont l’essence même de la nature environnante » déclarait il. Ainsi, la coupole, dame de béton de base conique se termine par une calotte sphérique et représente le ventre fécond d’une mère. A l’intérieur du dôme les lamelles d’aluminium ionisée assurent à cette salle une décor féérique mais aussi une
très bonne acoustique. L’architecte fut aussi designer en dessinant le mobilier du bâtiment (fauteuil-tabouret ).
De l’avis d’Oscar Niemeyer, le bâtiment, constitué de formes nouvelles et simples, sans finitions luxueuses et superflues est la maison du travailleur. Son travail est voulu comme un geste politique autant qu’architectural. Depuis plusieurs années, une partie des étages est loué à des entreprises, un espace est dédié à l’architecte brésilien et la salle de la coupole au décor futuriste est loué pour des évènement ; il devient le théâtre de magnifiques mises en scène lors de défilés de mode comme Prada ou Jean-Paul Gautier ont pu le faire.
Après un exil de 21 ans et après la chute de la dictature militaire Oscar Niemeyer est rentré au Brésil en 1985 ; il travailla jusqu’à sa mort (à 104 ans) à plusieurs réalisations dans le pays.
Le siège du parti communiste français a été classé au titre des monument historique en 2007 reconnaissance bien méritée pour un bâtiment qui a fait dire à Georges Pompidou » la seule bonne chose que les communistes aient faites ».
Le siège du PCF est visible lors de la visite : « Les Buttes Chaumont et les trésors architecturaux alentours »