Willem Dudok (1884-1974)
L’essentiel de l’oeuvre de l’architecte néerlandais Willem Dudok est localisé à Hilversum, petite ville des Pays-Bas septentrionaux où il est engagé comme architecte en chef en 1927. On peut y voir son oeuvre, matérialisée sous la forme d’une douzaine d’établissements scolaires (construits entre 1915 et 1932), des abattoirs, un cimetière, des bains publics et un symbole urbain singulièrement frappant, l’Hôtel de Ville (1928-31) dont le projet date de 1924.
L’oeuvre construite de Dudok réussit la gageure d’associer simultanément des éléments de style architecturaux appartenant à différents mouvements contemporains : il associe à la modernité du mouvement puriste De Stijl des articulations de volumes propres à l’architecte américain Franck Lloyd Wright tout en s’inspirant de l’architecture industrielle.
Inauguré en 1938, le collège néerlandais est l’un des chefs d’oeuvres de la Cité Internationale Universitaire de Paris et la démonstration d’une architecture moderniste. Créée au lendemain de la première guerre mondiale la Cité U est le symbole même de l’utopie pacifiste de l’entre deux guerres. C’est un lieu qui devait être le terrain d’entente des peuples à travers l’amitié entre étudiants, chercheurs et artistes du monde entier, tous acteurs de la vie politique, sociale, économique et culturelle de l’avenir. La plupart des pavillons évoque l’architecture du pays d’origine mais certains pays comme les Pays-Bas ont fait le choix de l’innovation.
Le collège néerlandais est la seule construction étrangère de Willem Dudok et par conséquent la seule oeuvre de l’architecte en France ; elle frappe d’emblée par l’ampleur des volumes avec sa tour dominant l’ensemble. Le collège reprend un certain nombre d’innovations formelles de l’hôtel de ville d’Hilversum construit en 1927 et considéré comme son chef d’oeuvre. Le plan est organisé autour d’une cour centrale entourée d’ailes de hauteurs diverses. En élévation, l’édifice est constitué d’un jeu cubiste de volumes emboités. Une grande verticale est formée par la tour inspirée des beffrois médiévaux du nord de l’Europe; cet axe vertical est un véritable pivot autour duquel le bâtiment s’organise. L’influence du mouvement De Stijl se ressent dans la décomposition, articulation et intégration des éléments architecturaux réduits à des volumes géométriques simples. C’est l’application ici des principes directeurs de l’esthétisme De Stijl à savoir l’équilibre des seules lignes horizontales et verticales. Les murs intérieurs prolongés à l’extérieur assurent une continuité spatiale chère
à l’architecte américain Franck Lloyd Right dont les théories eurent une grande influence sur le mouvement De Stijl.
L’architecture industrielle est également une source d’inspiration importante : ossature en béton armé, enduit blanc (au lieu de la brique matériau de prédilection de l’architecte), dépouillement des façades, tour ressemblant à un silo à grains. Toutefois quelques concessions sont faites à l’architecture domestique comme les fenêtres à petits carreaux et les jardinières. Le bâtiment a été rénové entre 2011 et 2015 et fut inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1998.
Le Collège Néerlandais est visible lors de la visite » la Cité Internationale Universitaire de Paris ou l’odyssée d’une utopie »