Georges Wybo et les anciens Grands Moulins de Paris (Paris 13)

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Georges Wybo (1880-1943)

 Admis en 1899 à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, Georges Wybo se forme à l’architecture mais n’obtiendra pas son diplôme; il participe cependant entre 1900 et 1910 aux salons annuels de la Société Nationale des Beaux-Arts en réalisant des décors de théâtre. A partir de 1910 il est à la tête de commandes importantes à Deauville comme le nouveau casino (1911-12), le Royal Hôtel (1923) et l’Hôtel du Golf ( 1929). Dès 1912 il devient l’architecte en chef des grands magasins du Printemps et réalise la reconstruction du bâtiment du boulevard Haussmann après l’incendie de 1921. C’est entre 1917 et 1921 qu’il construit les Grands Moulins de Paris. Après la guerre il sera également en charge du plan de reconstruction de plusieurs villes dans les Ardennes. Très éclectique il travaille dans les années 20 pour le constructeur automobile André Citroen pour lequel il élabore des constructions prestigieuses. Georges Wybo est également l’auteur de deux édifices de renom autour des Champs Elysées : l’hôtel Georges V et le théâtre des Ambassadeurs (actuel Espace Cardin) en 1931. C’est à partir de ce moment qu’il devient l’architecte de la société des magasins de vente Prisunic (filiale du Printemps) pour qui il construit plus d’une dizaine de bâtiments dans toute la France. Son évolution stylistique de l’entre deux guerres est celle d’un habile praticien: il passe du gout Trianon (casino de Deauville) à l’imitation du mouvement moderne. Le travail de cet architecte est rattaché à l’automobile, au développement de Deauville, aux grands magasins et aux immeubles de rapport de luxe à Paris mais aussi à la reconstruction des campagnes après la première guerre mondiale.

 

La société des Grands Moulins est fondée en 1916 pendant la première guerre mondiale afin d’améliorer le ravitaillement de la capitale en farine. Outre ces Grands Moulins du quai Panhard-et-Levassor dans le 13 ème arrondissement vont être édifiés les Grands Moulins de Pantin et et ceux de Corbeil. Le site du quai Panhard-et-Levassor comprenait silos, moulin, magasins, bâtiment de nettoyage. Il était alors considéré comme le plus grand moulin du monde pouvant broyer jusqu’à 1700 tonnes de blé par jour. Le blé en provenance de la Beauce était acheminé par voie fluviale (sur la Seine) par péniche et déchargé sur le quai à proximité immédiate du moulin. En activité jusqu’en 1996, il ne reste de ce grand complexe industriel que le bâtiment principal réalisé par Georges Wybo. L’architecte élève un grand et imposant bâtiment industriel, grand quadrilatère en béton aux lignes inspirées de l’architecture classique avec son toit en ardoise et ses grandes arcades conférant à l’ensemble une certaine élégance. En 1950 un nouveau bâtiment, la halle aux farines, destiné au stockage est construit à proximité.

Lorsque l’activité des Grands Moulins cesse à Paris, une grande partie des bâtiments est détruite à l’exception de l’édifice principal. Dans le cadre de l’aménagement de la Zac Paris Rive Gauche le bâtiment subsistant va être transformé et aménagé afin d’accueillir l’université Paris VII-Denis Diderot dans le nouveau quartier Asséna dont le chantier est dirigé par l’architecte Christian Portzamparc. De 2004 à 2006 l’architecte Rudy Ricciotti (le Mucem à Marseille) réhabilite l’édifice. Du grand bâtiment en béton, Ricciotti garde l’essentiel des volumes ainsi que les modénatures d’origine. La façade sur le quai est intégralement conservée. Les façades ouvertes sont percées de fenêtres et des circulations sont crées par des passerelles extérieures. Les façades exposent leurs nouvelles fonctions tel un grand magasin. Rudy Ricciotti, appelé le dentellier utilise les nouvelles possibilités du béton permettant de combiner esthétisme et technique. La signature de l’architecte est visible dans des cages d’escaliers où le volume est habillé de la fameuse dentelle structurelle de béton fibré. Le bâtiment accueille aujourd’hui l’administration, la grande bibliothèque centrale de l’université, l’UFR de langues et civilisations de l’Asie Orientale et le département Lettres et Sciences Humaines.

 La Sudac, ancienne centrale électrique, la halle aux farines et les anciens frigos à proximité témoignent avec les Grands Moulins de Paris du riche passé industriel de Paris encore actif au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui la réhabilitation de ce coin du 13 ème arrondissement donne lieu à un nouveau quartier vivant et dynamique.

 

Les anciens grands Moulins de Paris sont visibles lors de la visite « Le nouveau quartier Paris Rive Gauche »