Michel Roux-Spitz et l’immeuble du quai d’Orsay (Paris 7)

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Michel Roux-Spitz (1888-1957)

Michel Roux-Spitz occupe une place importante dans le débat architectural français entre 1925 et 1950. Revendiquant une modernité qui ne renie ni  les leçons de l’histoire ni les progrès des techniques constructives, il représente une architecture bien française, héritière du rationalisme tout autant que du classicisme.

Fils d’un architecte lyonnais, Michel Roux-Spitz entre d’abord à l’école des Beaux-Arts de Lyon en 1908 dans l’atelier de Tony Garnier puis en 1912 à l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ENSBA);  il y obtient le grand prix de Rome en 1920. Installé à Paris en 1925, il se fait remarquer à l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925 en tant que décorateur et créateur de meubles.Après des réalisations lyonnaises il construit son premier immeuble parisien en 1925, rue Guynemer dans le 6 ème arrondissement, bâtiment qui sera le premier d’une série d’immeubles parisiens que l’architecte appellera « la série blanche« , construits entre 1925 et 1931 et qui comprend celui du quai d’Orsay (1928-1931), l’immeuble du boulevard du Montparnasse et enfin celui du boulevard d’Inkermann à Neuilly sur Seine. Les immeubles Ford du boulevard des Italiens et  Perzel de la rue de la Cité Universitaire (1931) montrent les possibilités d’adaptation de la doctrine de Roux-Spitz sur des programmes plus spécifiques.

Parallèlement à sa carrière d’architecte Michel Roux-Spitz devient le rédacteur en chef de l’influente revue « l’architecte » entre 1925 et 1932 et participe à la création de la revue « l’architecture d’aujourd’hui ». Il utilise ces différentes tribunes pour défendre la positions des architectes modernes mais s’oppose aux principes radicaux de Le Corbusier et défend une modernité apaisée. Il est par ailleurs professeur de théorie à l’ENSBA en 1940. Après la guerre il prend des fonctions officielles comme architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, architecte des postes, travaillera à la restructuration de l’ilot insalubre du Marais et terminera sa carrière avec la reconstruction de la ville de Nantes.

 Michel Roux-Spitz débute en 1928 la commande d’un immeuble de logements dans le 7 ème arrondissement destiné à une clientèle aisée.L’architecte y met en scène le panorama offert sur la Seine. C’est le deuxième immeuble de la « série blanche » qui a fait la gloire de l’architecte. Cette série d’immeubles a pour particularité d’agrémenter le centre de la façade d’un bow-window à pans coupés revisitant le bow-window traditionnel parisien. Le bow-window à trois pans de la façade sur rue sera repris par de nombreux architectes par la suite avec plus ou moins de bonheur. L’ossature du bâtiment en béton armé est masqué par la pierre d’Hauteville à l’aspect noble et classique. Très présent dans le débat architectural des années 30, Roux-Spitz défend le béton mais s’élève contre le nouveau formalisme qu’incarne selon lui l’architecture de Le Corbusier et de ses disciples. En cela il se rallie aux positions d’Auguste Perret, dont il ne suit cependant pas entièrement les théories. En effet, peu soucieux de donner au béton armé la noblesse des matériaux traditionnels, Roux-Spitz recourt le plus souvent au plaquage de pierres qu’il met en oeuvre avec un soin particulier. La façade se caractérise par l’absence d’ornement (ce qui la rapproche de l’esthétisme moderne) conjugué à un vocabulaire propre au style Art-Déco avec la ferronnerie de la porte d’entrée tandis que les fenêtres en bandeau, avec huisseries métalliques rappellent aussi celles des immeubles modernistes.

Ainsi l’architecte Roux-Spitz, partisan d’une modernité qui ne renie pas les leçons de l’histoire, est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs représentants de la modernité classique française.

 

Cet immeuble est présenté lors de la visite « le quartier du Gros Caillou »