Paul Bigot (1870-1942)
Elève à l’école nationale et supérieure des Beaux-Arts de Paris (NSBA) Paul Bigot remporte le grand prix de Rome en 1900. Il séjourne alors à la villa Médicis où il travaillera à l’étude du Circus Maximus qui sera son sujet d’envoi de dernière année. Il réalisera également une maquette en plâtre de la Rome antique au IV ème siècle. Cette maquette matérialisée sous la forme d’un plan relief de 75 m2 sera l’élément central de sa carrière et il y travaillera jusqu’à sa mort en 1942. Après la guerre il participe à la reconstruction de plusieurs villes du nord comme st Quentin et de plusieurs monuments commémoratifs liés à la grande guerre avec les sculpteurs Landowski et Bouchard. Il enseigne à l’école des Beaux-Arts.
L’institut d’art et d’archéologie dit aussi Institut Michelet est l’un des plus singuliers bâtiments du paysage parisien qui surprend par son architecture composite et par la richesse de son revêtement de briques mêlant l’inspiration mauresque, assyrienne et gréco-romaine.
La création de l’institut d’art a été motivé par le don en 1917 de la propre bibliothèque d’art et d’archéologie du couturier Jacques Doucet grand collectionneur et amateur d’art. Ce don est important pour le développement de l’enseignement de l’histoire de l’art, discipline modeste au début du XX ème siècle. Ce leg à la Sorbonne ne pouvait être placé dans le bâtiment de la faculté d’où la décision de créer un nouveau bâtiment financé en parti grâce à un don de la marquise de Visconti. C’est Paul Bigot qui remporte le concours organisé par l’université de Paris pour la construction de ce nouveau bâtiment achevé en 1928 où la bibliothèque d’art est placée au coeur de la construction qui intégrera tout autour des salles de cours et lecture. Au 4 ème étage, une grande salle sous verrière est destinée à recevoir l’une des versions en plâtre du plan-relief de la Rome antique de Bigot; elle servira à l’enseignement de l’architecture et de l’urbanisme romain aux étudiants (aujourd’hui disparu ainsi que la bibliothèque d’art transférée à l’Institut National de l’Histoire de l’Art à la galerie Colbert).
Paul Bigot livre un bâtiment original en béton armé revêtu de briques rouges de Gournay. Les briques rappellent une influence viennoise et florentine mais également d’Europe du Nord et Allemande. La variété des motifs sur la brique, les croisillons, les ouvertures, les baies géminées sont d’inspiration romane et tout le décor procure une grande richesse plastique. L’influence africaine se retrouve également au niveau de la corniche; on y voit de petits édicules pointés vers le ciel qui rappellent l’architecture mauresque et certaines maisons d’Afrique sub-sahariennes.
Enfin une étonnante frise archéologique constituée de moulages en terre cuite représente des sculptures grecques, romaines, médiévales et renaissance. Cette frise est traitée en bas-relief sur l’ensemble des façades et a été réalisée par la manufacture de Sèvres. On peut y reconnaitre des oeuvres célèbres comme les griffons du temple d’Antonin et Faustine, la guirlande de Ara Pacis, les lions de Metaponte et des bucranes. La grille
d’entrée est un bel exemple de travail de ferronnerie exécutée sous la direction de Raymond Subes.
Bigot est farouchement opposé au mouvement moderne qui s’épanouit durant cette période et suscite nombreux débats et polémiques. Nous sommes en présence ici d’un architecte historiciste marqué par plusieurs influences mais marqué par la tradition.
Dès sa conception ce bâtiment monumental et en briques se démarqua fortement des bâtiments et immeubles voisins classiques réalisés en pierre et en plâtre; L’Institut d’art fut violemment critiqué…il est cependant classé MH depuis 1996.
Ce bâtiment est présenté lors de la visite « Le jardin du Luxembourg et immeubles remarquables »